La Marmotte GranFondo Pyrénées défie son aînée dans les Alpes pour le titre de la cyclosportive d’un jour la plus difficile. À 165km et 5 500m de dénivelé, le moins que l’on puisse dire est que les organisateurs n’ont pas raté leur cible !
L’édition 2019 diffère de l’année précédente pour ce qui est du départ, qui se fait désormais à Luz Saint Sauveur (et non pas Argelès Gazost), et de l’ arrivée, désormais à Hautacam (et non pas Luz Ardiden). Ces changements sont assez mineurs sans conséquences réelles.
Le parcours inclut la double ascension du Tourmalet, ponctuée par l’Hourquette d’ Ancisan et le col d’Aspin, et finalement l’arrivée au sommet de Hautacam. Il n’y a quasiment pas de plat. Les descentes sont souvent raides et rapides, donnant peu de temps pour récupérer entre les montées sans relâche.
À savoir: l’épreuve est chronométrée du début jusqu’à la fin, sans interruption, et les routes sont complètement ouvertes à la circulation.
En 2018, le premier coureur a pris un peu moins de 6h et la dernière personne à terminer est arrivée juste en-dessous de la barre des 13h. Même dans des conditions de météo clémentes, pareille journée de vélo représente un sacré défi.
Voici ce que pense Yannick, notre spécialiste des Pyrénées :
« Je pense que c’est une petite folie, et qu’il faut vraiment être un peu fou, un quelque sorte un véritable cycliste dans l’âme pour se lancer dans cette galère. Souffrir et aimer souffrir, prendre du plaisir à s’épuiser sur son vélo, aimer la montagne, se lancer des défis, aller au-delà de ses capacités, des éléments essentiels à connaître avant de s’aligner sur une telle épreuve.
La Marmotte a la particularité d’imposer le respect face à la difficulté. Ne surtout pas sous-estimer la difficulté du parcours !! Malgré un entraînement et une préparation adaptée, facteur indispensable, il faudra aborder cette succession d’ascensions en dessous de ses capacités pour espérer tenir la distance et éventuellement avoir de bonnes sensations lors de la monté finale vers Hautacam.
Avoir la capacité de contrôler ses ardeurs, être humble fasse à la montagne, ne surtout pas se laisser embarquer par l’euphorie du premier col, en garder sous la pédale. Ce ne sont pas des choses faciles, surtout quand on se fait doubler et que l’on a les moyens d’aller plus vite. Un élément clé pour obtenir le Graal, « prendre du plaisir tout au long du parcours » »
– Yannick Drangowski
(ex-coureur 1ère catégorie, Occitane Cyclisme Formation, coach Alpine Cols)
Lisez ci-dessous notre analyse du parcours et nos conseils pour réussir au mieux de vos possibilités ce jour-là.
LE DEPART A LUZ SAINT SAUVEUR
Vous partirez dans le « mauvais » sens, prenant la direction nord-ouest sur la route principale pendant 2km avant de virer à gauche et de revenir par une boucle pour grimper au-dessus de la ville. Après avoir traversé la rivière, vous retournerez vers la ville pour en traverser le centre avant de vous lancer sur la route qui mène directement au Tourmalet.
Conseils pour cette partie :
- Les 7 premiers kilomètres doivent servir pour vous échauffer et prendre le rythme de la course
- Ne partez pas trop vite et ne vous mettez pas dans le rouge !
LE TOURMALET DEPUIS LUZ SAINT SAUVEUR
Nous avons beaucoup écrit au sujet du col du Tourmalet (2,117m) ailleurs (en anglais). Certainement le col le plus connu des Pyrénées, le Tourmalet est aussi le col que le tour de France a le plus utilisé. Long et difficile, il mérite son statut de légende.
La montée commence dès la sortie de Luz Saint Sauveur et atteint le sommet 18km et 1 404m+ plus loin, avec une pente moyenne de 7,4%. La moyenne ne veut pas dire grande chose toutefois, car, en réalité, la pente varie entre 0% et 13%. Manifestement les ingénieurs qui ont construit la route avaient un bon sens de l’humour, car la partie la plus raide vient tout à la fin !
En quittant Luz Saint Sauveur vous verrez la route s’étendre loin devant, montant impitoyablement. Ça va être long. Prenez votre rythme, tournez les pédales sans à-coups, essayez de garder votre fréquence cardiaque le plus bas possible. La pente change imperceptiblement, parfois un peu plus raide, parfois un peu moins, rendant difficile votre recherche d’un bon rythme.
Au bout de 4km la monotonie est rompue par quelques virages en épingles. Vous traversez le village de Barèges peu après le dernier de ces virages, puis vous avez une mauvaise surprise lorsque la route se cabre à plus de 13% sur quelques centaines de mètres. Si vous avez bien jugé votre allure, c’est ici que vous devriez commencer à doubler d’autres cyclistes.
La pente reste raide pendant un kilomètre avant de se relâcher pour une section plus facile autour du parking de la station de ski. Désormais, vous pouvez voir la tête de la vallée et vous pouvez imaginer où doit être le col : plus haut que cela semble être possible, en montant le long d’une falaise qui tombe à pic ! La route y mène directement. Il vous reste 8km à grimper, avec des pentes toutes au-dessus de 7,5%.
La route fait une grande boucle vers la droite et monte brutalement autour de la station de skis de Super-Barèges. Vous allez vous mettre de plus en plus souvent en danseuse, vu que la pente approche les 10%. Il reste encore 4km de montée.
A 3km du sommet, il y a une autre longue ligne droite, qui est taillée dans la falaise, avant que la route ne s’incurve vers la gauche et serpente lentement vers un virage en épingle sur la droite. Vous avez maintenant vue sur la vallée, et la longue file des cyclistes derrière vous qui avancent lentement et péniblement vers le sommet.
La route est raide et interminable. Vous ne voyez plus le col. La route disparaît derrière un virage à gauche soudain. Vous comptez vos coups de pédale. Lorsque vous atteignez en fin le virage, vous voyez le dernier virage en épingle devant vous. Regardez en haut à gauche : le col semble suspendu verticalement au-dessus de vous.
Un de fait, il n’en reste plus que quatre ! Attention aux llamas qui peuvent bloquer la route au col…
Conseils pour cette partie :
- Vous devez gagner le droit de passer le Tourmalet ! Il faut entre 1h10 et 2h30 d’efforts soutenus pour atteindre le sommet. Rappelez-vous qu’il faut le faire deux fois aujourd’hui : il serait malin de s’économiser la première fois…
- Si vous ne deviez suivre qu’un seul conseil, c’est celui-ci : restez à votre rythme, dès le tout début du Tourmalet et ignorez les cyclistes qui vous doublent. Vous réussirez votre meilleur temps en gardant une intensité régulière sur l’ensemble des montées du jour qui font au total 77km avec une pente toujours supérieure à 6%. Chaque cycliste, du 1er au dernier, part avec un réservoir de glycogène d’une taille donnée, et plus vous y aller fort, plus vite ce réservoir se vide. Il serait dommage d’en vider la moitié sur les 10 premiers kilomètres de montée alors qu’il y en a au total 77 km !
- Si vous avez un capteur de puissance, visez votre puissance cible et ne vous laissez pas tenter et mettre 10 ou 20 watts de plus. SI vous n’avez pas de capteur de puissance, votre fréquence cardiaque doit rester dans votre zone cible. En l’absence de ceinture cardio, suivez vos sensations : vous devriez être capable de parler assez facilement avec des phrases courtes : sinon, c’est que vous allez trop vite !
DESCENTE DU TOURMALET A SAINTE-MARIE DE CAMPAN
La descente à Sainte-Marie de Campan se fait sur une route large avec une assez bonne visibilité, du moins s’il fait beau. Elle est rectiligne pendant de longs moments et le revêtement est généralement en bonne condition (merci le Tour de France !) Néanmoins, la route est raide, très rapide et par conséquent assez dangereuse, même sans l’apparition fréquente d’animaux en liberté sur la chaussée.
La pente s’adoucit dans les 4 derniers kilomètres à l’approche de Sainte Marie de Campan, le village mythique où Eugène Christophe s’est arrêté en 1913 afin de réparer ses fourches dans l’atelier du forgeron.
Conseils pour cette partie :
- Vous devriez certainement vous arrêter au ravitaillement sur le Tourmalet pour prendre de l’eau et de quoi manger
- Ne tardez pas pour éviter de vous refroidir : enfilez manchettes et gilet ou veste et poursuivez sans délai.
- Vous devez vous concentrer et rester attentif dans la descente, rapide et dangereuse.
- Il y aura très peu de temps pour récupérer. Pédalez dans la descente afin d’évacuer les toxines accumulées pendant la montée.
- Les 4 derniers kilomètres offrent la meilleure opportunité pour manger et boire en sécurité – tout étant relatif.
L’HOURQUETTE D’ANCIZAN DEPUIS SAINTE-MARIE DE CAMPAN
Il n’y a pas un mètre de plat à la fin de la descente avant de remonter la vallée vers l’Hourquette d’Ancisan. La route est réellement casse-pattes, avec une série de bosses courtes mais pentues sur les 7km entre Sainte-Marie de Campan et Payolle, une petite station de ski où vous quitterez la route principale en partant sur la droite pour démarrer la montée de l’Hourquette.
La montée de 10km vers L’Hourquette d’Ancizan est magnifique. Il s’agit pour la plus grande part d’une petite route étroite et sauvage à travers une forêt. Il n’est pas rare de devoir slalomer entre les animaux en liberté, tout en se battant avec la pente. Comme souvent dans les Pyrénées, la pente est très irrégulière. Il y a même une courte descente vers le sommet, avant les derniers 2,5km qui montent autour d’un cirque majestueux avec des vues fantastiques sur la vallée.
Conseils pour cette partie :
- Roulez en groupe pour les 7km qui montent dans la vallée entre Sainte-Marie de Campan et Payolle, mais attention aux bosses pentues qu’il conviendrait de ne pas monter trop fort. Mieux vaut perdre le groupe que de trop entamer vos forces à ce stade de la course.
- Jouez du dérailleur autant que nécessaire pour rester dans les bonnes zones de cadence et de puissance. Si vous avez l’impression que c’est dur, c’est probablement trop dur. Il reste encore beaucoup de route à parcourir…
- Continuez à boire et à manger à intervalles réguliers pendant toute la montée.
DESCENTE DE L’HOURQUETTE D’ANCIZAN A CADEAC
La descente se fait sur une route étroite, souvent en mauvais état. Certains virages manque de visibilité et se resserrent dangereusement : la descente peut vite devenir une véritable épreuve si vous êtes fatigué à ce moment-là.
En bas il reste encore 5km de faux plat descendant dans la vallée avant d’entamer la montée du col d’Aspin. Le deuxième point de ravitaillement se trouvera au milieu de ce faux plat, dans le village de Cadéac.
Conseils pour cette partie :
- Si vous avez envie de faire un bon temps il n’y a pas de temps à perdre : basculez vite, mais attention à la descente dangereuse !
- Finissez vos bidons avant d’arriver à Cadéac
- Il est essentiel de vous arrêter : le prochain ravito est sur le col du Tourmalet !
LE COL D’ASPIN DEPUIS ARREAU
La montée du col d’Aspin commence par un virage à gauche à la sortie du village d’Arreau. La route serpente pendant 12km via une série de virages en épingle, gagnant 780m d’altitude. La pente moyenne est de 6,5% et la pente maximum de 10%. La deuxième moitié est nettement plus raide que la première, donc préparez-vous à un changement de rythme aux alentours de 6km.
À cet endroit vous aurez fait à peu près la moitié du parcours total jusqu’à Hautacam.
Conseils pour cette partie :
- Encore une fois, montez à votre rythme, régulièrement, sans à-coups.
- Continuez à boire et à manger.
LA DESCENTE DU COL D’ASPIN JUSQU’A SAINTE-MARIE DE CAMPAN
Une fois que vous aurez basculé au sommet, la descente est rapide et sinueuse jusqu’à Payolle, où vous rejoindrez la route empruntée plus tôt depuis Sainte-Marie de Campan, cette fois-ci il s’agit d’un faux plat descendant. Beaucoup vont rouler vite ici, et pédaler fort sur les portions les plus plates.
Conseils pour cette partie :
- Si vous avez les jambes et vous vous sentez bien, roulez en groupe à une bonne allure. Attention toutefois à ne pas vous mettre dans le rouge.
- Dans tous les cas il est essentiel de boire, de manger et de tourner les jambes en préparation de la deuxième montée du Tourmalet.
- Pas de roue-libre, même si vous êtes fatigué ; cela laissera stagner les toxines dans vos jambes.
LE TOURMALET DEPUIS SAINTE-MARIE DE CAMPAN
La montée est un peu plus courte de ce côté, gagnant 1 268m+ sur 17km, avec une pente moyenne de 7,4% (mais avec des portions à plus de 13% tout de même).
Jusqu’à La Mongie, lugubre et terne station de ski à 5km du sommet, la route est essentiellement rectiligne à quelques zigzags près et peut sembler interminable. Plusieurs virages en épingle viennent rompre la monotonie ensuite, et vous verrez clairement le col perché au-dessus.
Conseils pour cette partie :
- Pour tout bon grimpeur, ce n’est pas la montagne qui pose problème, mais la fatigue accumulée, les conditions météorologiques et surtout votre façon de courir le jour J qui font la différence. L’allure que vous auriez choisie dictera la difficulté de la montée, et, si vous avez déjà trop tapé dedans, vous aurez une lutte longue et pénible pour atteindre le sommet.
- Restez bien dans une zone « endurance » et tournez les jambes à une cadence confortable
LA DESCENTE DU TOURMALET JUSQU’A BEAUCENS
Bien entendu, vous reconnaîtrez la descente que vous aurez monté quelques heures auparavant. Il y a quelques heures seulement ? Certains auront l’impression d’avoir fait cette montée dans une autre vie !
Les 4 premiers kilomètres jusqu’à la station de ski sont raides et sinueux. Ils sont suivis d’une longue ligne droite ponctuée seulement par les virages en épingle à la sortie de Barèges. Jusqu’à Luz Saint Sauveur, la descente est extrêmement rapide.
Passé Luz il reste 15km de faux plat descendant jusqu’à Beaucens. C’est à nouveau une route rapide, mais il va falloir pédaler pour maintenir votre vitesse.
Le dernier point de ravitaillement se trouve à Beaucens. De là vous devez vous attendre encore à une heure, voire deux heures, d’efforts pour atteindre enfin l’arrivée, en fonction de votre niveau et de votre état de fatigue.
Conseils pour cette partie :
- Encore une fois le danger en descente vient surtout de la vitesse et de la présence possible d’animaux en liberté sur la route : FAITES ATTENTION !
- Essayez de faire les 15km de Luz Saint Sauveur à Beaucens en groupe, afin d’augmenter votre vitesse moyenne et de partager le travail.
- Prenez votre part des relais, mais assurez-vous de pédaler à une cadence vous permettant de récupérer autant que possible, et continuez à boire et à manger. Il reste un dernier défi, et pas des moindres !
- Arrêtez-vous au dernier ravito et assurez-vous d’avoir assez à boire et à manger pour atteindre l’arrivée, 1 150m plus haut.
HAUTACAM
Il ne faut pas sous-estimer la montée d’Hautacam. Il y a 13km et 1 150m entre vous et la ligne d’arrivée (c’est comme l’Alpe d’Huez…) Cela peut vous sembler facile après tous les mois d’entraînement intense et tout ce que vous avez déjà parcouru aujourd’hui, mais à ce stade de la course, justement, ça va être dur !
C’est une montée difficile, irrégulière, sur laquelle on a du mal à garder un rythme. La pente varie entre 5% et 10%.
Pour gérer votre effort au mieux, il va falloir que vous jouiez du dérailleur et que vous vous mettiez en danseuse sur les parties les plus raides : ceux d’entre vous qui connaissent bien la montée seront avantagés.
Conseils pour cette partie :
- Si vous avez bien géré votre effort jusqu’ici et que vous vous êtes bien alimenté et hydraté tout au long, vous devriez être capable d’augmenter un peu l’allure et de terminer au top, doublant des dizaines de coureurs sur ces derniers kilomètres !
- Pour beaucoup, le défi sur cette dernière montée sera autant mental que physique, et vous allez devoir forcer les jambes à continuer à tourner lorsque tout ce que vous voulez faire est de vous arrêter.
- Il peut être utile de se fixer des mini-objectifs, d’utiliser un mantra ou de trouver tout autre moyen de se distraire.
EQUIPEMENT
Pour tous, sauf les coureurs les plus forts, nous conseillons d’utiliser un pédalier compact 50-34 et la cassette la plus étendue possible, telle que 11-32 ou plus.
Assurez-vous que votre vélo soit bien contrôlé et en parfait état avant le départ.
Venez équipés pour toutes les météos. La partie nord des Pyrénées est proche de l’Atlantique et le mauvais temps arrive souvent du golfe de Gascogne, enveloppant le Tourmalet dans le brouillard et la pluie. Il peut aussi faire extrêmement chaud !
PREPARATION POUR LA MARMOTTE
C’est un peu tard pour cette année, mais si vous voulez mettre toutes les chances de votre côté pour un bon résultat à la Marmotte l’année prochaine, vous devriez penser à participer à un camp Alpine Cols. Un camp d’entraînement Alpine Cols est très différent d’un « stage d’entraînement » typique, où l’objectif est simplement la distance et le dénivelé.
Dans un camp Alpine Cols nous insistons surtout sur la technique. Le cyclisme est un sport très technique et un coach expert diplômé peut vous apporter des bénéfices énormes. Entre autres techniques, nous vous apprendrons comment grimper avec puissance tout en vous économisant, comment descendre vite mais en sécurité, comment gérer votre rythme pendant plusieurs heures à la montagne et comment vous alimenter et vous hydrater de façon optimum tout au long de l’épreuve.
Allez voir notre calendrier de stages ou contactez-nous pour plus d’informations.